ceci n’est pas un pavé.

J’aime bien lire plein de livres et plusieurs en même temps. J’ai bien sûr le syndrome de la libraire, qui touche la majorité d’entre nous, qui consiste à réfléchir à deux fois avant de commencer un pavé. Par manque de temps mais aussi parce que j’aime la sensation laissée par un texte court qui ne mâche pas ses mots, ne s’oblige pas à en faire trop pour se sentir légitime, qu’on relit volontiers.

Dans Poèmes Karaoké, publié chez Cambourakis, Stéphanie Garzanti ne s’embarrasse pas de nous et pourtant nous offre beaucoup. Des mots plein de sucre glace comme c’est si bien dit dans la préface d’Elitza Gueorguieva. Ça donne envie de chanter faux dans une cuisine en bordel et c’est merveilleux.

Les mots de Lucile Novat me restent en tête depuis la lecture à sa sortie de De si grandes dents aux éditions La Découverte : dans Le Petit Chaperon rouge, le danger n’est pas la forêt mais la maison, pas le loup mais la mère-grand. Une enquête littéraire qui permet une lecture plus juste des contes comme des alertes d’un temps ancien sur ce qui se cache derrière les volets de nos foyers.

Quel plaisir de passer les quatre saisons aux champs avec Sophie Brokmann. Notes maraîchères, recueil fait-main publié par Les Venterniers, fait la part belle aux doigts sales, aux égratignures et aux patates. C’est beau. Et il y a un chien qui conduit un tracteur aussi.

Et il y a Adrien Girault qui voit son Monde ouvert sortir en poche dans la collection Sirènes aux éditions de l’Ogre et c’est une bonne nouvelle car ce roman qui ne mène nulle part vous embarque pourtant loin en compagnie de deux mercenaires en perte de sens. Et cette couverture !

Enfin, Le Travail de la paresse, encore un livre fait à la main de toute beauté, cette fois édité par Le Buvard pour nous confier deux textes qui interroge sur la notion de travail. Si les politiques qui vous disent que vous ne bossez pas assez vous font suer, il est temps de redécouvrir et offrir ce recueil salutaire !