fauve ?

Oui, fauve. Un adjectif sans fioriture, sans majuscule. Ni féminin, ni masculin. Ça rappelle une couleur forte, une odeur tenace. Ça sent le fauve par ici, y a une nouvelle librairie en ville.
La librairie peut être fauve puisque la littérature peut être animale. Elle peut être rassurante, ronronnante, donner envie de border la bête, de s’y lover. Elle peut aussi être épatante de belles lettres, avoir le poil brillant et le port majestueux. Mais à tout moment, elle peut vous sauter à la gueule. Et là, vous lisez un livre et ça vous met par terre. Mon moment préféré.
Fresque familiale, chaleur étouffante, poussière partout, personnages sans cesse comparés à des animaux, héritage tenace et heure de grands changements. Cela me fait encore cette sensation de griffure au visage quand je relis Le Guépard de Lampedusa. Le nom de la librairie est ainsi un hommage à mon roman de chevet. Venez, je vous dirai à quel point le livre est mieux que le film et à quel point c’est un chef-d’œuvre. Prévoyez votre bonnet de nuit, votre brosse à dents et deux ans de vacances, on va parler des heures.
Fauves sont les textes fondateurs pour moi, ils se jouent de moi et existent fort. Ils sont nombreux, vous ferez leur connaissance à la librairie. Ce sont de bons amis. Peut-être avez-vous, vous aussi, des livres qui vous font vibrer le cœur. J’ai hâte de savoir lesquels. Hâte d’échanger avec vous.
J’oubliais. Enchantée, Marion, libraire dix ans d’affinage, qui, avec la confiance de la fondatrice et le soutien de l’équipe de la Librairie du Contretemps, se lance dans ce projet d’une librairie créonnaise pour toutes et tous. Un lieu où on rôde, on se pavane, où on se réfugie, où on se sent aussi bien en solitaire qu’en meute. Un lieu à soi. À vous, surtout.